Pierre Bergé et la mode, une longue histoire
A la tête d’une fortune estimée à 100 millions d’euros en 2010, Pierre Bergé est un des grands patrons de la mode puisque c’est lui qui crée, en 1961, la maison Yves Saint-Laurent avec le célèbre créateur, qui fut son compagnon jusqu’à sa mort. Fils d’une institutrice et d’un inspecteur des finances, il réussit très tôt à faire sa place parmi les élites intellectuelles françaises grâce à sa boutique de livres en éditions originales qu’il crée à Paris, âgé seulement de 18 ans ! Mais c’est la création de la Maison Yves Saint-Laurent, maison de haute-couture, qui fera la fortune des deux amants. La mode est devenue un business qui fonctionne à merveille et le milliardaire américain, financier investisseur grâce à qui la société est créée, a pu récupérer rapidement sa mise, et même plus. Innovation, développement, hapenings : la mode est bouleversée par l’approche de Yves Saint Laurent qui se renouvelle pendant 40 ans. La fortune dégagée par Pierre Bergé et son amant a servi à créer la fondation PB-YSL, reconnue d’utilité publique en 2002. Et pour cause, la fondation est une source de mécénat pour de nombreux créateurs et de nombreuses actions culturelles et éducatives. Pierre Bergé réussit le pari d’être une des plus grandes fortunes de France, tout en étant un de ses plus importants mécènes. Il a donc fait la preuve que la finance n’est pas nécessairement un mal et qu’au contraire, la finance peut être un outil au service de la société. Quoi qu’il en soit, la mode lui doit beaucoup, et elle le lui rend bien.
Grâce à Pierre Bergé, la mode a enfin son institut
Pierre Bergé crée, en 1986, l’Institut Français de la Mode. Cette école a de multiples missions mais a pour objectif principal de former de jeunes talents au management dans l’univers de la création. Conscient plus que n’importe qui que la mode est aussi un business, Pierre Bergé a souhaité réunir dans un même établissement des professionnels aux expertises variées, issus des domaines de la mode, du management, du marketing etc, afin de proposer une véritable formation postgraduate spécifiquement orientée vers la mode et les entreprises privées de création, de commercialisation et de promotion de la mode. Complet, l’institut créé par Pierre Bergé participe également à des missions de recherche, conjointement avec des universitaires reconnus, visant à mieux appréhender les systèmes de production, les relations entre mode et société, les aspects anthropologiques de la mode et les innovations marketing. Véritable temple de la création, l’IFM a su prendre une place importante dans la vie culturelle et scientifique de la capitale et exporte ses compétences à l’international. La grande force de l’IFM, c’est de solliciter les grandes entreprises du secteur de la mode et du design. Ainsi, ses financements sont issus principalement des grands groupes français qui bénéficient ainsi, outre d’une image de marque améliorée, d’un réservoir de talents à recruter dès leur sortie de l’établissement. De plus, habile, Pierre Bergé a réussi un tour de force : il a obtenu l’agrément de la Direction Générale de Impôts afin que les entreprises donatrices bénéficient d’un crédit d’impôt de 60% du montant des dons effectués à son établissement ! C’est donc gagnant-gagnant ! On vous l’a dit : la mode, c’est aussi un business !
Un engagement : la mode pour tous
Fidèle au crédo de l’homme de sa vie, Pierre Bergé continue un combat sans merci contre une mode déconnectée de la réalité. Comme il le rappelle dans une conférence donnée à l’IFM sur le thème « mode et société », la mode est faite pour être portée, pas pour faire les couvertures de magazines. Pus qu’un simple élément d’apparat, la mode vise à améliorer le bien-être des femmes qui, se sentant belles, gagnent en confiance et en volonté. En effet, Yves Saint-Laurent se plaisait à répéter que si la mode avait pour but de n’habiller que les femmes riches, ce serait une grande tristesse. Or, pour son compagnon, qui lui a survécu, la mode n’est plus aujourd’hui destinée aux femmes du peuple. Les grandes créations des défilés de mode sont des vêtements d’apparat, destinés aux couvertures de magazines et aux festivals qui accueillent les grandes stars du monde du show-business. C’est pour cette raison notamment qu’il a lancé une vaste exposition, au Grand Palais, à Paris. L’objectif ? Montrer des créations d’Yves Saint-Laurent et rappeler que ces dernières, si elles appartenaient au monde de la haute couture, n’en étaient pas moins faites pour être portées par toutes. Pour lui, les années 80 marquent un tournant. Les créateurs se seraient pris pour des artistes, au lieu de se souvenir qu’ils sont en fait des artisans, au service des consommateurs. Infatigable, l’homme d’affaire continue donc ses combats et ne lâche rien. Le jour où il disparaîtra, la mode aura perdu un de ses grands défenseurs.